BIEN-ÊTRE BLA BLA BLA

85 employés… sans patron!

L’expression des gens quand je leur dis que je travaille dans une entreprise libérée, ils me demandent toujours: ”C’est quoi ça une entreprise libérée?’’ Et moi je leur réponds que nous sommes 85 employés sans patron! S’ensuit un genre de silence de malaise et ensuite une rafale de questions. Les opinions sont polarisées, soit on trippe, soit on trippe pas pantoute!

Pour certains, l’entreprise libérée c’est une joke, pour d’autres c’est un concept intéressant ou “à la mode” et pour moi c’est enfin la réponse à des années de malheur professionnel.

Mon parcours professionnel atypique

Toute ma vie, j’ai toujours été très engagée envers les compagnies dans lesquelles j’évoluais… au début! Et puis ce n’était pas trop long qu’à force d’avancer au sein de ces mêmes entreprises, je finissais par devenir totalement désengagée et quitter pour un gazon qui me semblait toujours plus vert ailleurs. À l’époque où la stabilité d’emploi était une qualité recherchée, je commençais à modifier mes infos sur mon CV pour cacher mes départs fréquents. J’ai un cycle de deux ans et demi et ça fait 20 ans que je suis sur le marché du travail, faites le calcul.

On me disait que je n’étais pas capable de me conformer, que j’avais un « problème » avec l’autorité. Souvent, mes patrons nourrissaient en moi de grands espoirs et la plupart du temps la balloune dégonflait d’une part comme de l’autre.

J’ai toujours été quelqu’un avec beaucoup d’idées, des bonnes comme des mauvaises et aussi je n’avais pas froid aux yeux. Pour moi, un patron c’était une personne comme les autres à qui on pouvait parler comme on parle à un collègue, je me voyais égale! De l’imagination et une grande gueule, c’est beau sur papier, mais en pratique ça tape sur les nerfs! En plus j’avais une facilité à mettre l’équipe de mon côté, imaginez à quel point les directeurs de-ci et directeur de-ça me voyaient, comme une menace! Et pourtant, moi je voulais simplement contribuer.

Certains se reconnaissent dans mon profil?

L’entreprise libérée, c’est quoi?

Il y a deux ans, j’ai laissé tombé le monde du travail autonome pour revenir en entreprise, chose que je n’aurais jamais pensé faire. Mais Dany, la propriétaire de la compagnie pour laquelle je travaille présentement, m’a approchée avec son concept d’entreprise auto-gouvernée, elle voulait « libérer son entreprise ».

(…) on dit des phrases comme: « Si vous ne faites pas d’erreur, c’est que vous ne prenez pas assez de risques! » et qu’on le pense VRAIMENT!

Je me suis dit: ENFIN! Voici la réponse à toutes mes questions, voici enfin un style de gestion qui me ressemble. Où on fait confiance aux humains qui sont le cœur de l’entreprise, où les idées, les opinions, les insatisfactions, les succès, les réussites sont enfin considérés. Où on dit des phrases comme: « Si vous ne faites pas d’erreur, c’est que vous ne prenez pas assez de risques! » et qu’on le pense VRAIMENT!

À mon travail, je n’ai pas de tables de babyfoot, on n’a pas de séances de yoga le matin ni un barista à longueur de journée! Les salaires sont dans la moyenne du marché, nos avantages sociaux sont standards dans l’industrie. Mais pour moi, les gros salaires et les environnements de travail à la “Apple Head Office” c’est loin d’être synonyme de bonheur au travail. Si ton boss te met des bâtons dans les roues parce qu’il est sur un égo-trip, t’auras beau avoir le meilleur café du monde, tu seras malheureux!

Moi, je veux qu’on me fasse confiance, qu’on me laisse une place, qu’on m’écoute sans jugement. Dans mon milieu de travail, je cherche l’authenticité, le respect, l’épanouissement, l’engagement. Et c’est ce que l’entreprise libérée offre.

Par contre, c’est loin d’être facile tous les jours. Pensez-y! Sans directeur, qui s’occupe de dire à celui qui travaille mal, qu’il travaille mal? Qui s’occupe de régler les conflits entre employés? Qui s’occupe de calmer un client en beau maudit? Qui s’occupe de gérer tous les problèmes qui peuvent survenir dans les entreprises? Et ben, c’est nous! On a dû apprendre (et on apprend encore) à se parler entre nous, à dire à notre collègue qu’il n’a pas bien fait son travail, à démontrer aux clients une expertise et une confiance qui ne lui donne pas envie de parler à un “supérieur” et à régler tous les petits problèmes qui peuvent survenir en entreprise.

Pas de retour en arrière possible #sorrynotsorry

Je dis souvent à Dany qu’elle a créé un monstre! Avant, j’étais réticente à l’autorité professionnelle, maintenant, j’y suis complètement intolérante. Je suis désolée pour toutes les personnes qui occupent des postes de gestionnaires et qui en sont fières mais quand j’entends je suis Directeur / Responsable / Patron, le poil me lève sur les bras, sorry! Par contre, j’ai la conviction que les valeurs de l’entreprise libérée peuvent aussi être véhiculées dans une compagnie avec un système hiérarchique, à condition que l’ego soit laissé de côté!

Mais pour moi, c’est un aller-simple, je ne pourrai jamais revenir dans une entreprise conventionnelle!

Marianne

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