Cette semaine je suis allée voir le magnifique spectacle Le Lac des Cygnes interprété par le Ballet national de Pologne*. Ce fut un ravissement pour mes yeux, une divine harmonie pour mes oreilles, mais aussi le début d’une réflexion inattendue.
Quelle petite fille n’a jamais rêvé d’être ballerine un jour? De marcher avec des pointes satinées, de porter un tutu en mousseline et de faire de grandes enjambées artistiques qui simulent l’envol? Hein, hein, vous vous reconnaissez toutes! Enfant, c’est ce que j’aspirais à devenir, ballerine, et en voyant le spectacle cette semaine, cette fascination m’est revenue.
Maintenant adulte, ce qui m’impressionne le plus, ce ne sont pas tant les vêtements qui brillent, mais plutôt les corps des danseuses et danseurs. Ils sont si petits et si forts à la fois. Tout en muscles mais semblent si légers. Leur danse est cet art du mouvement où chaque déplacement est transformé en quelque chose de gracieux, d’aérien. Et ils ont des postures si droites et parfaites, tout en étant si souples et flexibles.
Sur scène cette beauté est éclatante, mais on oublie souvent que derrière cette grâce de la danse le corps est mis à l’épreuve. Le corps des ballerins et ballerines subit des altérations physiques et des blessures. Porter des pointes, malgré toute l’élégance qu’elles procurent, semble être d’une douleur atroce! Ce mini-documentaire le démontre avec une pince d’humour.
Assister au ballet du Lac des Cygnes m’a menée à réfléchir à cette capacité phénoménale du corps à s’adapter, se transformer, se réparer et s’altérer. Et ce ne sont pas que les danseurs ou athlètes qui ont cette capacité, nous l’avons tous. Tous les corps sont naturellement capables de ces exploits. Et trop souvent nous oublions cette faculté que nous avons et pour laquelle nous n’avons pas nécessairement à faire d’efforts.
Corps incroyable
Pensez-y, vous vous coupez profondément en cuisinant et trois jours plus tard il ne reste qu’une fine ligne rouge marquant l’accident. Vous chutez en ski lors de votre première expérience, vous vous cassez un bras. Un plâtre ne fait qu’immobiliser votre membre, mais la reconstruction de l’os se fait toute seule par la force du corps.
Je fais du yoga depuis quelques années et j’ai vu mon corps se transformer. Pas parce que je lui ai imposé et que j’ai été trop intense dans ma pratique, mais seulement en faisant régulièrement une activité que j’aime et qui me procure du bien.
Être menstruée à tous les mois est en soi une petite merveille du corps. Oui, il y a des contre-effets moins agréables, mais ce phénomène est tout de même le signal que tout est en ordre et que »la mécanique » est bonne. En y pensant bien, être enceinte et accoucher, n’est-ce pas la plus belle oeuvre d’art du corps, bien plus que Le Lac des Cygnes?
Vous me direz que certaines circonstances sont parfois sévères et font que le corps n’est peut-être pas si miraculeux; un accident grave, une maladie, un handicap. Je suis d’accord avec vous. Mais je crois tout de même que notre corps est et doit toujours être perçu comme notre meilleur ami.
Nous avons trop souvent tendance à le critiquer, n’y voir que les choses qui nous déplaisent. Le maltraiter à grand coup de souliers à talons trop hauts. S’imposer des régimes alimentaires ou des séances d’exercice exagérés qui garantissent une image idéale. Je ne prêche pas de laisser tomber ces choses, j’adore porter des talons hauts lors d’occasions spéciales. Je dis simplement que nous devrions prendre davantage conscience des merveilles que notre corps peut faire.
Faites de votre corps votre meilleur ami. Ayez de la gratitude envers les miracles quotidiens qu’il accomplit. Remercier-le une fois de temps en temps.
Inspirez-vous des paroles de trois danseurs des Grands Ballets Canadiens qui parlent de leurs corps et de l’admiration qu’ils ont pour celui-ci et leur discipline quotidienne.
* Présenté à Montréal, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, jusqu’au 2 mars 2019
Amélie
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