En juillet dernier, j’ai croisé Valérie au Festival d’été de Québec. La dernière fois que l’on s’était vues, c’était aux retrouvailles du secondaire il y a quelques années déjà. Tu fais quoi? Tu es rendue où? « Cette année, je suis en retraite progressive et je voyage », m’a-t-elle lancé! Je voulais en savoir plus et je me suis dit que vous aussi. Voici mon entrevue avec Valérie Laforge.
Valérie est présentement en Bolivie pour rendre visite à sa sœur qui habite là-bas depuis février 2018.
Caro : Pourquoi as-tu décidé de prendre une année complète sans travailler, l’année de tes 30 ans ?
Valérie : Mon projet de retraite progressive s’est développé en cours de route… je n’avais pas vraiment prévu le faire avant de vraiment le faire, c’est surtout une question de circonstances. À l’automne 2016, j’ai quitté mon emploi stable pour lancer ma propre entreprise. Alors, durant toute l’année 2017, j’ai travaillé, comme beaucoup d’entrepreneurs, sans relâche, je n’ai pas pris de temps pour moi. Quand tu commences comme entrepreneure, tu ne veux pas perdre d’opportunités alors tu dis oui à beaucoup de choses et tu travailles très fort pour satisfaire tes clients. Alors pour ne pas reproduire la même chose en 2018, c’est-à-dire de ne pas prendre de moment de répit, j’ai décidé de débuter la nouvelle année en vacances !
Chaque mois de décembre, je dresse un bilan de l’année qui s’achève et je me donne une devise pour l’année à venir. Pour 2018, ç’a été de faire tout ce que j’ai toujours eu envie de faire. J’ai toujours eu un rêve, celui d’aller aux Olympiques, j’ai donc commencé par réaliser ce rêve.
Comme j’allais aux Jeux olympiques de Pyeongchang comme bénévole en février, je ne m’étais pas pris de contrats en début d’année. J’avais donc le champ libre pour deux mois. Alors, le 4 janvier je me suis inscrite à un camp de kitesurf à Cuba, un voyage de 12 jours de snowboard au Japon ainsi que mon séjour d’un mois en Corée afin d’être bénévole pour les Jeux olympiques. Disons que mon année 2018 commençait bien !

Avec mon manteau fluo, on me retrouve dans les sous-bois de Hakuba Valley

Première expérience olympique pour Elizabeth Hosking et ses plus grands fans. Au pied de la demi-lune à Pheonix Snow Park. #PyeongChang2018
Caro : Valérie, explique-moi ton concept de retraite progressive.
Valérie : En parlant de mes projets à un ami, il m’a lancé « tu es comme à la retraite» et je me suis dit qu’effectivement, je me sentais comme à la retraite! À partir de là, j’ai développé mon concept de retraite progressive.
Il faut savoir que ce n’est pas comme une année sabbatique, il y a un concept derrière tout ça. Habituellement, quand tu prends une année sabbatique, tu la planifies avec ton employeur, tu reçois 80% de ton salaire pendant X nombres d’années pour finalement prendre une année de congé! Mais surtout, tu as un emploi qui t’attend à ton retour. Dans mon cas, je n’ai pas de plan à mon agenda, je n’ai pas de projets sur la table ni de date de retour… il y a donc une notion de risque dans mon projet. Et pour l’argent, comme je n’ai pas de paie qui rentre, j’utilise l’argent que j’avais déjà mis de côté pour ma retraite.
Je me suis dit que de toute façon, à moins de gagner à la loterie, je ne prendrai pas ma retraite avant 60, voire 65 ans ! Alors, pourquoi ne pas prendre ma retraite 5 ans plus tard et prendre 5 ans de retraite progressive à différents moments de ma vie. Ainsi, je profiterais des bienfaits de la retraite à des périodes bien différentes, à des moments où mes besoins et mes envies seraient différents!
J’en suis venue à la conclusion que cette année, l’année de mes 30 ans, j’avais la chance d’avoir de l’argent, du temps et la santé, il n’y avait donc aucune raison valable de me priver de ce bonheur.

Lever son verre à une magnifique croisière mère-fille en Alaska.
Le concept de retraite progressive est donc de travailler X nombres d’années au total et de mettre de l’argent de côté afin d’en avoir assez pour la retraite et pour les années de retraite progressive.
Alors moi, j’ai choisi de travailler 7 ans et de prendre un an de retraite. Donc quand j’aurais 65 ans et que sera venu le temps de prendre ma retraite officiellement, j’aurai déjà vécu 5 ans de retraite progressive.
Caro : Comment fais-tu pour y arriver financièrement parlant?
Valérie : C’est effectivement la question que tout le monde se pose! Il faut effectivement une bonne stratégie financière pour y arriver. Dans mon cas, j’ai toujours eu beaucoup d’économies, car je dépense très peu, je mettais donc beaucoup d’argent de côté à chaque paie… J’ai un appartement en colocation et ma voiture est payée. Je n’ai pas d’animal, pas de chum, pas d’enfants, pas d’hypothèque, j’achète toujours des articles de seconde main, je n’ai donc pas de dépense ni d’attache. Ensuite, il faut faire des choix qui sont conséquents avec son plan.
En ce moment, je sous-loue ma chambre à un étudiant en échange (ce qui couvre en totalité mes frais de loyer, d’internet, d’électricité et d’assurance) et j’ai réduit mon forfait cellulaire au minimum. À l’automne, mon logement m’a coûté moins cher que si j’étais restée à Montréal. Donc même en comptant le coût de mes billets d’avion, ça me coûte moins cher de voyager que d’être à Montréal.
Techniquement, les intérêts de mes placements contribuent en partie à me faire vivre cette année, et l’argent que j’ai besoin de plus, je le puise dans mon CELI.
Bien sûr, il y a un coût d’opportunité à calculer par rapport à l’argent dépensé cette année… cet argent-là ne fluctuera plus et cette année, mes coffres ne se sont pas renfloués non plus. Alors je devrai économiser plus durant les prochaines années pour combler cette perte monétaire. Bref, il y a une stratégie financière à élaborer avant de se lancer dans ce projet.
Caro : Tu fais quoi de ton année ? Quels sont tes projets ?
Valérie : Comme je te disais plus tôt, j’ai débuté l’année à Cuba dans un camp de kitesurf. Je suis ensuite allée faire du snowboard au Japon et j’ai été bénévole aux Jeux olympiques de Pyeongchang. En mars je suis allée découvrir Halifax et j’ai été bénévole pour les Mondiaux de patinage courte piste à Montréal.
Puis, j’ai eu envie de raconter tout ça. Ma retraite progressive, mes voyages, mon année à faire ce que j’ai toujours eu envie de faire… Alors en avril je me suis mise à écrire pour en faire un livre. Les 30 histoires de ma vie adulte. Initialement, je voulais l’écrire en 30 jours, mais comme je n’avais pas fini, en mai j’ai décidé de poursuivre l’écriture.
J’avais prévu travailler sur un contrat d’événement de mai à août à Montréal, car je voulais passer l’été au Québec puisque j’avais de la visite de deux amis de l’Inde et de mon lover Australien, mais… mais avec le projet de livre et la visite qui arrivait, j’ai décidé de ne pas travailler et profiter de mon été.

Explorer la mine de Potosí. Une expérience inoubliable forte en émotions !

Paysage de Bolivie.
J’avais gagné un billet d’avion pour aller n’importe où en Amérique du Nord alors en août j’ai mis le cap sur l’Alaska pour faire une croisière avec ma mère et j’ai également fait un arrêt à Vancouver ! En septembre, je suis allée voir ma sœur en Bolivie puisque je m’ennuyais beaucoup d’elle et j’y suis encore jusqu’à ma prochaine destination. En octobre j’irai pour deux semaines au Sri Lanka pour faire du kitesurf et ensuite je rejoindrai une amie en Inde. On fera trois semaines dans le sud de l’Inde pour ensuite assister au mariage d’une amie à Delhi et ensuite on se dirigera vers le nord pour un autre trois semaines. Je serai de retour à Montréal le 21 décembre, juste à temps pour Noël !
Le plus grand bénéfice que j’en retire est de pouvoir vivre des moments uniques à plein de moments significatifs de ma vie ! – Valérie Laforge
Crédits photos: Valérie Laforge
Caroline
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