La production principale du Festival de l’Opéra de Québec qui a lieu du 24 juillet au 5 août est l’Opéra Louis Riel, une occasion rare d’assister à un opéra canadien. Composé en 1967 par Harry Somers pour le centenaire de la Confédération, le voilà repris aujourd’hui pour le 150e. Sur la scène du Grand Théâtre de Québec, on retrouve plus d’une centaine d’artistes mettant tout en oeuvre pour dresser une fresque historique canadienne unique!
Un peu d’histoire
Loin d’être à l’eau de rose, l’Opéra Louis Riel révèle une partie de l’histoire du controversé leader métis et l’épopée de la conquête de l’Ouest canadien. Avant de vous asseoir confortablement dans l’un des sièges de la Salle Louis-Fréchette et de vous laisser conquérir pendant 2h30, je vous conseille fortement de vous informer un peu sur ce personnage moustachu. Question de savoir à qui vous aurez affaire! Justement voici quelques faits, qui seront d’ailleurs surement relatés par l’anthropologue Serge Bouchard avant les représentations:
- Louis «David» Riel est né en 1844 et décédé en 1885 pendu pour trahison;
- Il est le chef du peuple métis dans les Prairies canadiennes et le fondateur de la province du Manitoba;
- Il dirigea une première révolte, celle de la rébellion de la Rivière Rouge en 1869 et 1870, à la suite de laquelle il réussit à négocier l’entrée du Manitoba dans la Confédération canadienne;
- Exilé aux États-Unis à la suite de ce premier mouvement, c’est là qu’il commence à souffrir de troubles mentaux le menant à se convaincre qu’il est prophète du peuple métis et fondateur d’une nouvelle chrétienté. Après une violente crise, il est amené à Montréal chez un oncle qui prendra soin de lui, mais qui finira par le faire interner. Louis Riel fera un séjour à l’hôpital psychiatrique de Beauport à Québec sous le nom de Louis Larochelle.
- La deuxième résistance, connue sous le nom de rébellion du Nord-Ouest, à laquelle prend part notre protagoniste, a lieu en 1884 sur le territoire de l’actuelle Saskatchewan et se conclut tristement par l’arrestation, le procès et enfin la pendaison de Riel.

Crédit photo: Lise Breton
L’Opéra Louis Riel a beau avoir été créé il y a cinquante ans, il est toujours actuel. Sans aucun doute perçu d’abord comme une illustration (de plus) sur le conflit anglo-franco, il est, 50 ans plus tard, porteur d’une réflexion beaucoup plus profonde: Chercher, forger et assumer son identité dans un contexte de société en révolution constante.
Chercher
Riel cherchait à comprendre les raisons du conflit pour lequel il se dévoua. Il était à l’écoute et au service de ceux qu’il défendait tout en continuant de questionner la cause. Puis Riel se cherchait. Il a dû s’exiler pour se trouver. Et il s’est perdu.
Forger
D’un bout à l’autre du pays, Riel a fait résonner sa voix et celle du peuple métis. Il n’a pas seulement été la voix, il a été la tête, les bras, les mains empreintes de sang. Il a été au devant pour faire entendre raison à ceux qui gagnaient le plus de voix. Il s’est battu contre les hommes à cravate, contre les hommes en robe, contre les hommes, contre les démons, contre lui-même. Et il a perdu.
Assumer
Riel s’est donné tout entier à sa mission. Il avait une foi inébranlable, c’est ce qui lui a donné la force de croire en son rôle de sauveur et de porter une nation tout entière sur ses épaules. Il a assumé son devoir, il en a fait sa prophétie, et ce, jusqu’à la fin de sa vie. Et il l’a perdue.

Crédit photo: Lise Breton
Se perdre quand tout semble clair. Quand ta destinée est dessinée. Dans sa grande force humanitaire, c’est l’homme qui s’est égaré. Égaré dans plus grand que lui, plus haut et plus fort. Même si l’homme s’est perdu, le nom est resté. Notre peuple a besoin de grands noms, de grands hommes comme Louis Riel, car des fois, ce peuple a besoin d’être porté pour trouver son identité.
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