THÉÂTRE

La fureur d’une femme

«Le temps de la représentation, un sens est donné à ma vie. Et quand c’est le théâtre qui s’en va, la solitude où je suis de tous oubliée reprend ses droits.» – Nelly Arcan

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Crédit photo: Radio-Canada

J’ai assisté mardi dernier à la pièce de théâtre La Fureur de ce que je pense présentée à l’Usine C dans le cadre du Festival TransAmériques (FTA) à Montréal. Jouée au Théâtre Espace GO en 2013, c’est la deuxième fois que cette création est offerte au public.

Les mots de Nelly Arcan prennent vie dans la bouche de six actrices chevronnées, dont Christine Beaulieu, Sophie Cadieux, Évelyne de la Chenelière et Julie Le Breton, dans une mise en scène absolument magnifique de Marie Brassard.

Chacune des Nelly est isolée dans une petite pièce en forme de cube, me faisant penser à des poupées Barbie dans leurs boîtes d’emballage ou encore aux prostituées du Red Light d’Amsterdam derrière leurs vitrines. Une représentation de la solitude assez parlante.

Les mots violents de l’écrivaine sont envoûtants et presque doux lorsque prononcés ou chantés par toutes les comédiennes en même temps. Et ce septième personnage, ne disant pas un mot et se mouvant autour des actrices telle une ombre, illustre bien pour moi le ou les démons qui habitaient l’auteure, le nuage noir qui planait constamment au dessus de sa tête.

Je me suis sentie comme à chacune de mes rencontres avec Nelly via ses écrits ou le film d’Anne Émond, troublée de son mal de vivre, de son obsession pour l’image de la femme et de la mort.

Elle restera à jamais le mystère Nelly, d’autant plus qu’à la lumière de sa mort prématurée, on se rend encore plus compte à quel point celle-ci était omniprésente dans son œuvre.

«Je ferai de ma mort une affiche qui se multiplie sur les murs, je mourrai comme on meurt au théâtre, dans le fracas des tollés.» – Nelly Arcan

Michèle

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