BIEN-ÊTRE BLA BLA BLA

Petite histoire d’une salariée devenue travailleuse autonome

13 novembre 2014, milieu d’après-midi. Le vent d’automne souffle fort sur le centre-ville de Québec et tente de s’infiltrer sous mon manteau resté ouvert. À neuf mètres de l’entrée principale de l’immeuble, Mélanie, la fille de la comptabilité, grille sa cigarette à la vitesse grand V, visiblement pressée de retourner à l’intérieur. Pour se réchauffer, certes, mais surtout pour éviter d’affronter mon regard éploré. Pour ne pas avoir à me demander si je suis correcte, si quelqu’un va venir me chercher.

L’affaire, c’est que je viens de me faire congédier. Apparemment, je n’ai pas les bonnes « compétences interpersonnelles » pour le poste que j’occupe. Au diable les prévisions du calendrier maya; ma fin du monde à moi, elle vient d’arriver à ce moment précis.

Je me retrouve donc dans le taxi, avec ma plante verte coincée entre les jambes et ma boîte de dictionnaires que j’étreins comme un enfant étreint son doudou. Sur la banquette arrière, les posters d’animaux exotiques qui tapissaient mon ancien bureau et que j’ai arrachés des murs à la va-vite. Par la fenêtre, je regarde défiler le paysage. Pis je pleure. Pis je pleure. Tellement que le chauffeur, un quinquagénaire visiblement peu enclin à manifester de la compassion, me donne une petite tape sur l’épaule. Le pauvre. J’aurais dû lui donner plus de pourboire. Mais ne sachant trop ce que les prochains mois allaient me réserver, je me dis que je suis peut-être mieux de garder mes cennes.

Le lendemain, j’ai les yeux bouffis mais l’esprit clair. Mettre ma sécurité financière entre les mains d’un unique employeur qui peut décider de se débarrasser de moi quand bon lui semble? Plus jamais. Dorénavant, je serai mon propre employeur.

 

Source : HORNGRY

Source : HORNGRY

Un bien beau projet, mais que je ne peux concrétiser dans l’immédiat. Pour le moment, je dois me revigorer, me prouver que je suis compétente et que j’ai du cœur au ventre. Quoi de mieux qu’un retour aux études?, que je me dis. Je m’inscris donc à la maîtrise en traduction et terminologie. J’ai déjà un baccalauréat en langue française et rédaction professionnelle. Si le match n’est pas parfait, il n’en est pas loin.

Deux ans et des poussières plus tard, mes deux diplômes décorent joliment l’un des murs de mon bureau aménagé dans la plus petite pièce de mon 4 ½. Je fais ce que j’aime, c’est-à-dire réviser, rédiger et traduire, dans un environnement que j’aime. Ici, ma bulle personnelle peut prendre toute la place qu’elle veut. Ici, personne ne me force à socialiser, à faire des compromis ou à raconter ce que j’ai fait en fin de semaine. Ici, je peux vivre de mon art sans porter atteinte à la personne que je suis et qui a été quand même assez amochée par la culture organisationnelle typique des grandes entreprises. Au fil de mes billets, je vous ferai découvrir cette personne et sa vie trépidante de travailleuse autonome. Ses hauts, ses bas, ses aspirations, ses craintes. Ses bons coups et ses petites gaffes. Je vous montrerai tout ce qu’on peut accomplir de beau quand on a la possibilité de le faire en restant soi-même. La liste est longue, je vous le garantis. 🙂

 

Jenny xx

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No Comments

  • Reply
    Jessica Giguere
    février 9, 2017 at 2:39

    Se faire congédié apporte à la réflexion. Comme toi, j’ai choisi d’être travailleur automne et je suis tellement heureuse depuis.
    Faire ce que l’on aime pour vivre compte beaucoup. 🙂

    • Reply
      jennylarouche
      février 9, 2017 at 3:53

      Tout à fait! J’irais même jusqu’à dire que c’est pas mal tout ce qui compte, au final. 🙂 Merci pour ton commentaire. ^^

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