THÉÂTRE

C’était mieux avant?

À la suite d’un accident automobile, trois frères, isolés et prisonniers de la forêt, attendent des secours et se retrouvent contraints à ce huis clos imprévu. Aveux et confrontations. Ensemble, Carl, Ambroise et Victor plongent dans leurs souvenirs d’enfance, se battent, se réconcilient, s’avouent leurs fautes et se rappellent le tragique événement de la mort de leur père, quinze ans auparavant.

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©Photo Marc-André Goulet, fournie par le Prospero

LE CHEMIN DES PASSES-DANGEREUSES de Michel-Marc Bouchard
Mise en scène et chorégraphie : Menka Nagrani
Interprétation : Arnaud Gloutnez, Felix Monette-Dubeau, Dominic Saint-Laurent

GASPÉ : le 19 janvier, CD Spectacles
RIMOUSKI : le 22 janvier, Théâtre du Bic
ROBERVAL : le 28 janvier, Auditorium Fernand Bilodeau
ALMA : le 29 janvier, Salle Michel Côté
DOLBEAU-MISTASSINI : le 30 janvier, Salle Maria Chapdelaine

Présentée il y a un peu moins d’un an dans la grande salle du théâtre Prospero, la pièce Le chemin des passes-dangereuses montée par Menka Nagrani est en tournée au Québec pendant le mois de janvier 2016 et était de passage à la Maison de la culture Frontenac, vendredi le 15 janvier dernier. Très rythmée, la proposition des Productions des pieds des mains met de l’avant une version giguée du texte de Michel-Marc Bouchard, oscillant entre le symbole et le réalisme.

Très énergique, le jeu des trois jeunes comédiens s’avère quelque peu volontaire et souligné. D’une recherche esthétique très ancrée dans la québécitude résulte la combinaison d’une gigue vue d’un œil contemporain et d’une histoire familiale, à la fois urbaine et rurale. Choix audacieux considérant la rapidité avec laquelle la restauration du folklore peut chavirer du côté de la caricature.

De cette mise en scène, qui m’a semblé vaguement élémentaire et triviale d’un texte qui parle déjà très fort de lui-même, d’un texte qui n’a pas besoin de surligneur, me reste une impression de maladresse. Le sentiment dérangeant de voir la culture québécoise se faire réduire à une poignée de lieux communs. Une sorte de malaise face à ce néo-trad, cette sacralisation du passé.  Un commentaire plus nostalgique qu’innovateur, un commentaire qui oublie le présent.

Cela dit, cette pudeur, cette retenue qui parle en moi est un matériau de création très riche, une ressource à exploiter, un sentiment encombrant mais très révélateur dont les Productions des pieds des mains ont su tirer profit. Le théâtre québécois aurait avantage à intégrer et à s’approprier ces clichés, comme le fait d’ailleurs Menka Nagrani, puis à les dépasser. À dépasser l’auto-contentement.

Bon théâtre,

Odile

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