Après deux ans à suer sang et eau au-dessus de mon Mac, deux ans à n’avoir que le strict minimum de vie sociale, enfin, oui, enfin, j’ai déposé mon mémoire de maîtrise.
Et je me suis rappelée les deux sessions de scolarité, ces huit mois intenses de torture intellectuelle à essayer de passer du «concret» au «conceptuel» en ayant l’impression de marcher dans une brume si épaisse que seulement tendre la main rend les doigts invisibles. Je me suis rappelée ces heures interminables de recherche à la bibliothèque, ces milliers de pages photocopiées, gribouillées, surlignées que j’ai lues et relues sans cesse, et ces soirées où je broyais du noir devant l’écran blanc.
Je me suis rappelée aussi ces débuts exaltants de rédaction, ce moment où j’ai écrit pour la première fois « Chapitre 1 » en me disant « Oh wow, cette fois, ça y est! » Quelle naïveté! Le début du chapitre 1 n’était que le commencement. Je n’approchais de rien, je n’atteignais aucun but tangible : le chemin était encore si long!
Le chemin était encore long, mais enfin, je suis arrivée au bout.
Je suis arrivée au bout, à coup de « Fuck it! » et autres élégantes onomatopées. J’ai refusé de sortir à d’innombrables reprises. J’ai ouvert mon Mac tous les jours, soirs et fins de semaine possibles et imaginables. J’ai passé des nuits blanches à tourner et retourner des concepts dans ma tête, sans le vouloir le plus souvent, parce que mon cerveau a apparemment perdu la touche « Off » durant le processus.
Il y a eu des jours où j’avais envie d’oublier mon mémoire au coin de la table et de ne plus jamais y penser. Mais il y a aussi eu beaucoup de jours où j’ai découvert des choses, où j’ai compris des concepts, où mon cerveau s’est enfin illuminé d’une connaissance qui jusque là m’avait échappée. Et cette sensation de découverte valait plus que tous les jours de découragement.
Écrire un mémoire de maîtrise, ce n’est pas seulement un travail d’université. C’est un processus dans lequel il faut s’engager, tout entier, corps et âme, un processus qui ne souffre aucun compromis. Un processus qui m’a fait admettre et respecter mes propres limites, qui m’a appris à lâcher prise. Qui m’a fait grandir.
Même s’il y a eu des jours difficiles, le mémoire en valait la peine.
Le mémoire valait tellement la peine, voyez-vous, que je me suis inscrite au doctorat.
On s’en reparle dans… quatre ou cinq ans? 😉
Anne-Sophie
2 Comments
10kfeetabove
mai 28, 2017 at 3:05Je suis en Master de Sciences Sociales, et j’ai du tapé la phrase « j’ai fini mon mémoire » sur la barre de recherche pour essayer de trouver de la motivation … ça a pas marché
asgobeil
mai 28, 2017 at 3:46Ça semble tout à fait déprimant, je l’avoue, mais c’est tout de même une belle expérience de faire un mémoire. 😉 L’important, c’est de trouver l’équilibre et de ne pas se laisser avoir pas le modèle de « pas-de-vie-sociale-pas-de-fun » (une erreur que j’ai malheureusement faite). Quand on trouve le juste milieu, c’est très stimulant! Bon courage! 🙂