ART VISUEL

Expo photo Sous le jasmin – Mettre des visages sur la torture

sous le jasmin

Par Marie-Soleil Le Houillier

C’est la première fois que j’entre au Gesù. C’est désert si on ne compte pas les deux employés affairés sur leurs ordinateurs. Probablement parce qu’il est déjà 17 h 25 un mardi et que le lieu ferme à 18 h. C’est silencieux, les lumières sont tamisées, ça incite au recueillement. Aucun lien, par contre, avec le lieu à même le bâtiment d’une église. Les murs des corridors de l’entrée sont déjà tapissés des photographies avec leurs panneaux explicatifs. Il y a beaucoup de choses à voir, à lire, à découvrir. Je suis intriguée et surtout, ravie.

Sous le jasmin expo

Je me sers dans les piles de dépliants et de brochures de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et d’Amnistie internationale Canada francophone, les deux organismes qui présentent l’expo. Je les lirai plus tard, je n’ai que 30 minutes pour tout voir. Des panneaux blancs sur une colonne jaunie expliquent ce qu’est la torture, qui l’utilise, pourquoi et comment ils l’utilisent. J’ai la gorge serrée. Deux pétitions contre la torture se trouvent sur une petite table sous ces panneaux. Je les signe. Je suis choquée, troublée.

« On parle de torture quand une personne inflige intentionnellement à une autre personne une douleur ou une souffrance aiguë aux fins notamment d’obtenir des renseignements ou des « aveux », ou bien de la punir, de l’intimider ou de faire pression sur elle. »

Moyens de torture
« Ces actes doivent être commis par un agent de l’État, ou avec au moins un certain degré d’approbation de la part de l’État. »

Sous le jasmin expo 2

J’entre dans une salle carrée. C’est cacophonique, mais silencieux. J’ai l’impression que tous les portraits de ces gens me parlent en même temps, m’appellent, m’invitent à venir les écouter, les entendre. Je me promène, m’arrête, observe leurs visages en noir et blanc. Le photographe, Augustin Le Gall, a su rendre l’étincelle de détermination, de tristesse, d’espoir, de souffrance, de paix dans le regard de ces hommes et femmes. C’est magnifique.

Portrait

Il me reste 15 minutes. Je choisis quelques portraits qui m’interpellent davantage. Je m’imprègne de l’histoire de chacun de ceux-là. J’ai l’impression de discuter avec eux, d’apprendre à les connaître. Je médite. J’empathise. Leurs histoires sont difficiles. Ces humains ont été torturés pour leurs opinions, leurs idées, pour leur soutirer de l’information. Ces humains ont vécu l’inhumain.

« En 2000, la police m’a arrêté, battu puis torturé alors que je rendais visite à un ami journaliste en grève de la faim. Ils ont jeté mon corps inerte dans la forêt de Kerch el Ghaba, en pensant que j’étais mort. »
– Ali Ben Salem

Exposition
Un claquement de porte me sort de ma rêverie. Il est déjà 18 h, l’employé me demande de sortir. Doucement, déçue, j’avance vers la sortie. Je tente de voir chacun des 34 visages sur mon passage. Je leur dis au revoir, à ma façon.

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L’exposition de photographies Sous le jasmin, présentée par Amnistie internationale Canada francophone en collaboration avec l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), expose le portrait et l’histoire de 34 tunisiens et tunisiennes qui ont subi de la torture. L’objectif? Sensibiliser le grand public à cet enjeu encore trop actuel.

CLIQUEZ ICI pour agir contre la torture.


Où : Le Gesù, 1200 rue Bleury, Montréal, métro Place des Arts (sortie de Bleury)

Quand : 1er octobre au 8 novembre 2014

Horaire : Mardi au samedi de 12 h à 18 h et lundi de 12 h à 17 h, ainsi que les soirs de spectacles

GRATUIT


Pour en savoir plus :

Page Facebook

À propos de l’expo

À propos de l’OMCT

À propos d’Amnistie internationale

 


 

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