Elle est là. Prête, debout, immobile. Elle sait qu’elle doit se lancer, mais elle n’arrive pas à avancer. Elle a du mal à comprendre ce qui lui arrive. Elle a déjà tellement cheminé depuis qu’elle est entrée dans cette forêt. Elle se souvient parfaitement du sentiment qui l’accablait quand elle y avait mis les pieds pour la première fois.
Il faisait sombre et le ciel orageux ne laissait présager rien de bon. Elle se sentait perdue. Elle ne savait pas comment retrouver son chemin. Elle redoutait de prendre tellement de temps pour le retrouver qu’elle ressortirait de ce labyrinthe avec ses belles années derrière elle. Il faut le dire, il y eut définitivement un moment de panique et beaucoup de larmes versées. Mais, elle avait tout de même choisi de ne pas baisser les bras. Le mot abandon ne faisant pas partie de son vocabulaire, elle s’était mise à marcher sans carte, sans point de repère, sans savoir vers quoi se diriger. Ces longues promenades lui avaient permis de se questionner, de réfléchir et d’analyser. Elle avait aussi beaucoup parlé. Aux oiseaux, aux arbres, aux étoiles, à personne… Puis, un jour, ses pas et ses mots la menèrent finalement vers un sentier. Elle se souvient d’avoir ressenti un soulagement immense en l’apercevant. Il y avait une issue! Satisfaite, elle avait décidé qu’elle méritait enfin une petite pause. Elle s’était donc arrêtée, elle avait fermé les yeux et elle avait profité un moment de la température clémente.
***
La route se dessine devant elle, mais elle n’en voit qu’une parcelle. Elle sait que c’est toute une randonnée qui l’attend. Même si la météo est maintenant favorable, elle sait que le trajet sera plein d’embuches, de sentiers en lacet et de montées abruptes. Et, malgré qu’elle ne puisse en voir l’extrémité, elle sait que cette route la conduira à destination. C’est le moment de reprendre la marche.
Pourtant, elle ne s’active pas. Est-ce la peur qui l’en empêche? L’angoisse qui la garde paralysée? Elle a beau se creuser les méninges et retourner la situation dans tous les sens dans sa tête… Pas de réponse. Puis, elle baisse les yeux et elle comprend. Il y a un piège qui maintient solidement son pied au sol. Le regard fixé sur ce dernier, elle n’arrive pas à déterminer si c’est son imagination qui lui joue des tours ou s’il est bien réel. Quoiqu’il ne soit, le résultat est le même. Elle ne pourra poursuivre sa route tant et aussi longtemps qu’il sera là.
Trois options s’offrent à elle.
Elle peut continuer de regarder son pied en pestant contre le piège qui le maintien coincé et qui l’empêche d’aller où elle le souhaite. Elle pourrait pleurer longtemps. Par contre, elle n’avancera pas beaucoup et toutes ces larmes seront versées en vain.
Elle peut aussi ignorer le piège et essayer d’avancer quand même. Elle peut tirer de toutes ses forces pour essayer d’extirper son pied. Par contre, elle risque d’y déployer tellement d’énergie que, si, par miracle, elle arrive un jour à se libérer, il ne lui en restera pratiquement plus pour entamer son périple… possiblement un pied en moins.
Enfin, elle peut prendre une grande inspiration, s’asseoir par terre et tenter de comprendre comment démonter le piège. Pour se faire, elle aura sans doute besoin d’aide et d’outils. Mais, si elle s’applique et qu’elle prend son temps, elle y arrivera assurément. Elle n’aura ensuite qu’à faire le premier pas et tout doucement, les autres suivront.
Elle sourit. Le choix lui paraît évident. Elle prend une grande inspiration et s’assoit par terre. L’aventure se poursuit.
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